Moshé Macchias et José Tairhumène

Moshé Macchias et José Tairhumène

Moshé Macchias et José Tairhumène

Moshé Macchias et José Tairhumène

Moshé Macchias et José Tairhumène

Moshé Macchias et José Tairhumène

Exilisme

Extraits d'un entretien avec José Tairhumène autour du Manifeste de l´Exilisme paru en 1962 dont il est l´auteur et dont Moshé Macchias fut l´initiateur.

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Notre manifeste s´adressait, en priorité, aux artistes. Nous étions convaincus qu´ils avaient un rôle privilégié à tenir dans l´édification d´un nouveau monde, qu´il leur appartenait d´aider l´homme à retrouver l´homme, en parlant le langage simple du cœur.

Notre appel à une réconciliation infinie que je concrétisai par un recueil "Terre d'exil" fut un appel prématuré. Seuls, nous entendîmes ceux qui étaient douloureusement concernés, les exilés de tout bord.

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Je ne renie pas mon premier manifeste. Il procédait de la même sensibilité et de la même intuition qui nous constitue aujourd´hui encore. L´essentiel a été dit dans le "ton". Ce qui m´apparaît par contre plus fragile et plus sujet à caution, c´est l´approche exagérément prophétique et imprégnée de religiosité.

Notre conviction demeure, à savoir que le sentiment d´exil est le moteur susceptible de favoriser une nouvelle relation entre les hommes et la terre.

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L´exilisme n´est pas une formule mais une adhésion à notre état d'exilé. Se découvrir une sensibilité commune à l´exil devrait nous aider à supporter plus aisément notre condition et à nous entraider.

En fait, l´être prend face humaine à partir du moment où il prend conscience de sa fragilité, de sa condition de passager sur terre, de son état d´exilé.

Il peut, en effet, puiser dans sa condition d´exilé, une nouvelle dignité, une nouvelle saveur de vivre, une nouvelle énergie.

Il ne s´agit pas d´une question de forme ou de fond mais d´une question de tonalité, d´ambiance, de sensibilité.

Ce n´est pas là un exercice de style où l´esthétique étouffe l´émotion mais un engagement absolu dans la création en cours.

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Je reste persuadé que c´est tout au fond de l´exil, dans ce puits insondable confondu à nos origines, que nous pouvons entrevoir, comme un petit trait de lumière perçant l´obscurité.


Ainsi, la qualité artistique d´une œuvre s´évalue en fonction de la "beauté" exiliste qu´elle déploie quand l´homme y tient la part la plus émotive. L´exil est la sève dont se nourrit l´artiste "exiliste" dont la condition humaine est le thème essentiel.

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Aussi l´art "exiliste" ne peut se définir; il doit se vivre comme une expérience, se découvrir dans le vécu. L´œuvre exiliste, on la sent, on la voit, on la reconnaît. Elle émeut la pensée, elle pénètre le corps tout entier, chair, nerf, sens, conscience, intelligence, mémoire, esprit... C´est une voix, une ambiance, un climat.

Tout ce qui est inutile est systématiquement éliminé par le biais de la sélection naturelle. Il en est de même de l´œuvre d´art. Elle n´échappe pas à la sélection; c´est une question de temps. Et ne dure et ne reste vivante dans le temps que l´œuvre qui est le miroir où l´homme peut se contempler et se reconnaître avec tendresse et compassion, tous deux sentiments chargés d´énergie durable.

Les aspects ludiques, originaux ou surprenants d´une œuvre ne résistent pas au temps. Seuls durent l´empreinte du passager en exil sur la terre.
La "cruelle tendresse", l´"attentive errance", "le fugace sourire", "la sereine incertitude", "la réconciliation infinie" qui se trouvent à s´exprimer dans l´œuvre exiliste, sont peut-être la meilleure part de l´homme, celle qui réconcilie les ennemis, invention du langage.
Ce qui est beau, c´est ce qui est sensible à l´humain.

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